Après avoir étudié le rapport entre le corps et l’esprit, tenté de donner naissance à des images d’une possible dialectique entre le conscient et l’inconscient, et écris un mémoire sur la question, j’en ai conclu que c’était par le souvenir que je puisais mon inspiration, et là où je trouverais des réponses.

     Je me souviens alors de mes premiers gribouillages en école d’art.. D’année en année mes “desseins” on grandit, pris de la force et ont apprit à parler. De la cellule macroscopique, se développe un univers mêlant végétal et animal, aux inspirations orientales ou encore asiatiques. Après multiplication des cellules, cet univers va alors se déployer un monde bien plus grand, sur de grands formats de calque, comme un tatouage sur la peau, pour prendre enfin forme sur le corps. J’essaie alors de projeter des états d’âmes sur le papier, de matérialiser des sensations, ainsi que des émotions. Souvenirs inconscients, ou peut-être rêves...

     En parallèle, je développe un travail de photographie, à partir d’images de famille. J’alimente ma mémoire de nouveaux souvenirs qui ne m’appartiennent pas. Je les retravaille, les détruit, les modifie. Mon intérêt pour la question de la pérennité du souvenir devient de plus en plus grand.

     Une fois le DNSEP avec mention en poche, je me retrouve seule face à 5ans d’études supérieures dans la recherche d’images représentant l’immatériel, l’irréel. Je fais le bilan, et mes réponses sont là; dans les photographies de mes ancêtres, mes parents et de mon enfance. Des images qui n’existent que par leur matérialisation sur le papier, ou qui sont bien effritées dans ma mémoire. Je puise mon inspiration dans ces images pour me créer de nouveaux souvenirs. Ceux- ci sont à la fois usés par le temps, fragmentés et sensitifs.

     

     Alors, comme le funambule sur son fil, ou le jongleur avec ses balles, je joue avec les codes, les échelles, les matières. Je tends entre réalité et fiction, netteté et brouillard.

 

    Je me souviens...